Face à une médiatisation parfois clivante et à des actions militantes extrêmes, les acteurs de l’élevage sont régulièrement remis en question. Pourtant, la majorité des Français garde une image positive des agriculteurs. À l’occasion du Grand Débat organisé au SPACE, plusieurs professionnels du monde agricole ont partagé des pistes concrètes pour restaurer la confiance et réinventer une communication plus constructive sur l’élevage.
Un enjeu majeur : reconnecter agriculteurs et citoyens
La communication agricole est aujourd’hui confrontée à une double exigence : répondre aux critiques croissantes tout en valorisant les pratiques élevées dans un contexte de transparence. C’est dans cette optique qu’est né le Grand Débat, coorganisé par le SYRPA, l’association Agriculteurs de Bretagne et le salon SPACE.
Lors de cet événement, agriculteurs, éleveurs, experts et responsables politiques ont témoigné de leur vécu et discuté des leviers à activer pour mieux faire comprendre les réalités du métier d’éleveur.
#1 Répondre avec courage aux attaques : montrer la réalité du terrain
Les éleveurs, souvent pris pour cible par des actions militantes, témoignent d’un sentiment de stigmatisation. Guillaume Divanac’h, éleveur de porcs et de vaches laitières, évoque des intrusions violentes sur son exploitation. Dominique Gautier, elle, partage l’amère expérience d’un reportage télévisé manipulé.
Malgré la fatigue, tous s’accordent : il est essentiel de continuer à communiquer sur son métier. Montrer, expliquer, partager le quotidien sur les réseaux sociaux ou lors de portes ouvertes permet de donner un visage humain à l’élevage.
#2 Différencier bruit médiatique et réalité de l’opinion publique
Eddy Fougier, politologue et spécialiste des crises sociétales agricoles, appelle à ne pas confondre activisme extrême et opinion générale. Les dernières études montrent une défiance grandissante envers certaines méthodes militantes, mais une confiance maintenue dans les éleveurs français. L’enjeu est donc d’éviter les amalgames tout en prenant la parole de façon stratégique et pédagogue.
#3 La violence discrédite les combats extrémistes
Les incidents violents commis contre les éleveurs renforcent la fracture entre citoyens et agriculture. À l’inverse, une campagne modérée et fondée sur l’écoute peut être plus efficace. Selon Guillaume Divanac’h, la radicalisation « dessert » la cause animale en suscitant la méfiance. Une communication alignée sur les réalités agricoles et la recherche du dialogue devient alors essentielle.
#4 Une communication collective, à tous les niveaux
Les intervenants soulignent que l’amélioration de l’image de l’élevage ne peut reposer sur les seuls éleveurs. Collectivités locales, associations, industriels, établissements scolaires… chacun a un rôle à jouer dans ce processus de pédagogie alimentaire et environnementale.
Initier des projets d’éducation, encourager les visites d’exploitations, favoriser les échanges directs avec les consommateurs et les élus, ou encore renforcer la présence sur les réseaux sociaux permettent des interactions authentiques, loin des clichés.
L’exemple venu des Pays-Bas avec Caroline van der Plas, députée à l’origine du parti BoerBurgerBeweging (Mouvement des Agriculteurs et des Citoyens), montre qu’une mobilisation locale peut aboutir à une reconnaissance nationale structurée.
Pour conclure : vers une souveraineté alimentaire partagée
François Arnoux, agriculteur céréalier, invite à replacer l’élevage au cœur des enjeux de souveraineté alimentaire. En rappelant l’importance économique, sociale et environnementale de l’élevage dans les territoires, il devient plus facile de construire un discours fédérateur autour des valeurs de durabilité, de qualité et de proximité.
Raconter l’élevage, ce n’est pas justifier, c’est expliquer. Le Grand Débat le confirme : une communication apaisée, incarnée et pédagogique est plus que jamais nécessaire pour recréer du lien entre citoyens et monde agricole. Valoriser les réalités du terrain, multiplier les canaux de dialogue et proposer une vision commune autour de la souveraineté alimentaire peuvent bâtir des ponts durables entre producteurs et consommateurs.
Pour aller plus loin, retrouvez les initiatives et ressources proposées par le SYRPA, Agriculteurs de Bretagne et le salon SPACE.



