La communication agricole varie largement d’un pays à l’autre, selon les priorités politiques, économiques et culturelles. Lors d’une rencontre organisée par le Syrpa, plusieurs attachés agricoles en poste à Paris ont partagé leur vision et leurs pratiques en matière de communication agricole. Cette réunion a également permis de mieux comprendre le rôle de l’Amicale des attachés agricoles en France, une plateforme diplomatique unique dédiée aux échanges sur les enjeux agricoles entre pays.
Une organisation diplomatique unique : l’Amicale des attachés agricoles
L’Amicale des attachés agricoles en France est un groupe informel coordonné par l’ambassade des Pays-Bas et présidé actuellement par M. Dieter Beisteiner (Autriche). Elle réunit près de 80 membres issus de diverses ambassades à Paris. Cette structure n’a pas vocation à émettre des positions diplomatiques communes, mais à offrir une interface d’échange avec les institutions françaises, notamment le ministère de l’Agriculture.
Parmi ses partenaires clés figurent :
- Le ministère français de l’Agriculture, qui propose deux excursions thématiques par an.
- L’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA), qui organise un voyage d’étude annuel et des ateliers d’échange entre attachés et acteurs de terrain.
Chaque année, l’Amicale organise l’événement « Planète du goût », dédié à la valorisation des produits agricoles des pays membres. L’édition à venir mettra notamment à l’honneur les produits issus de l’agriculture biologique.
Des missions variables selon les pays
Les responsabilités des attachés agricoles varient selon l’organisation des représentations diplomatiques :
- Spécialisation agricole uniquement : des pays comme le Canada, l’Allemagne ou la Bulgarie confient aux attachés un périmètre strictement agricole.
- Couplage agriculture – commerce : d’autres, comme les Pays-Bas, le Japon, la Chine ou les États-Unis, associent agriculture et relations économiques.
- Couplage agriculture – environnement : en Autriche ou en Hongrie, la dimension environnementale est directement intégrée aux missions agricoles.
- Relations élargies : certains attachés représentent aussi leur pays auprès de l’OCDE sur les questions agricoles (Espagne, Finlande…).
- Fonctions généralistes : dans certains cas, comme la Roumanie, les diplomates en poste suivent de nombreuses thématiques sans spécialisation sectorielle.
Focus sur la communication agricole dans trois pays européens
La Hongrie : une communication forte via la presse agricole
Madame Marianna Nesuta-Greso, attachée agricole et environnementale pour la Hongrie, a présenté une enquête sur les pratiques agricoles dans son pays. La communication est principalement relayée par une vingtaine de journaux spécialisés qui ciblent les professionnels du secteur. Cette approche permet d’instaurer un lien régulier entre les institutions et les agriculteurs.
Les Pays-Bas : transparence, data et réseaux sociaux
Aux Pays-Bas, la communication agricole est orientée vers le grand public et fondée sur une stratégie de transparence. Madame Cindy Heijdra, attachée agricole, alimentation et pêche, a souligné l’importance des infographies pour expliquer les enjeux économiques et commerciaux du secteur. Le ministère néerlandais travaille avec 40 collaborateurs en poste dans les ambassades à travers le monde. Pour les conseils techniques, le modèle repose désormais sur le privé. Par ailleurs, les agriculteurs sont encouragés à prendre la parole directement, comme via le compte Twitter @boerburgertweet (le tweet agriculteur-citoyen).
L’Allemagne : une stratégie axée sur l’alimentation et la santé
En Allemagne, M. Klaus Kehrein a détaillé les initiatives menées par le ministère allemand de l’Agriculture (BMEL). La communication publique se concentre sur les thématiques sociétales telles que l’alimentation, la nutrition, la santé et le bien-être animal. Chaque mois, une vidéo thématique est publiée sur la chaîne YouTube du ministère. En parallèle, le ministère organise pendant la Semaine verte de Berlin quatre jours de débats autour des politiques agricoles, bien que ces échanges soient encore peu visibles du grand public.
Cet échange international a mis en lumière la diversité des stratégies de communication agricole. Si certaines approches privilégient les médias spécialisés, d’autres misent sur les réseaux sociaux, les événements pédagogiques ou encore la transparence via les données. À travers le travail des attachés agricoles, la diplomatie agricole devient un levier clé pour mieux faire comprendre les réalités du secteur, renforcer les partenariats et améliorer la perception des enjeux liés à l’agriculture au niveau mondial.



