Une nouvelle dynamique redéfinit aujourd’hui le paysage de l’agriculture en France et à l’international. À travers le prisme du « nouveau capitalisme agricole », des chercheurs mettent en lumière l’émergence d’un modèle d’exploitation plus proche de la firme que de la ferme traditionnelle. Cette transformation, bien que souvent invisible, questionne en profondeur les fondements économiques, sociaux et environnementaux du secteur agricole.
Des exploitations agricoles aux allures d’entreprises
Longtemps dominée par le modèle de la ferme familiale, l’agriculture connaît une mutation accélérée. Désormais, environ 10 % des exploitations agricoles en France présentent les caractéristiques structurelles et organisationnelles d’entreprises, parfois proches des modèles industriels.
Ces nouvelles entités, souvent regroupées sous forme de holdings agricoles, de groupes d’investisseurs ou de consortiums agroalimentaires, opèrent à une échelle plus grande, avec des logiques de rentabilité et de performance similaires à celles des entreprises classiques.
Une recomposition agraire mondiale
En France comme à l’étranger, cette évolution n’est pas marginale. Elle accompagne une recomposition agraire globale, que l’ouvrage « Le nouveau capitalisme agricole – De la ferme à la firme » explore à travers divers exemples et analyses. Cette mutation discrète mais profonde porte en elle des enjeux majeurs pour l’avenir de notre alimentation, de nos territoires ruraux et de notre souveraineté alimentaire.
À travers des cas concrets – parfois comparés aux célèbres « fermes des 1 000 vaches » ou aux structures de type « mégaferme » observées dans d’autres pays – les auteurs révèlent la pluralité de ces nouvelles firmes agricoles. Si certaines sont issues d’entreprises familiales en croissance, d’autres naissent de logiques purement capitalistiques ou de stratégies de diversification d’investisseurs extérieurs au monde agricole.
Des défis environnementaux, sociaux et politiques
Ces firmes agricoles, en se structurant différemment, posent de nombreuses questions : quel impact sur la répartition des terres agricoles ? Quelles conséquences en matière d’emplois et de conditions de travail ? Quelles responsabilités environnementales dans un contexte de changement climatique ?
La recherche récente met en lumière la nécessité de repenser les outils d’analyse et de régulation pour encadrer cette transformation. Des voix s’élèvent aussi bien dans les sphères politiques, professionnelles que scientifiques pour mieux comprendre ces dynamiques et anticiper leurs effets à long terme.
Un ouvrage de référence pour décrypter ces mutations
L’ouvrage collectif dirigé par François Purseigle, Geneviève Nguyen et Pierre Blanc, réunit les travaux de nombreux spécialistes et propose un éclairage inédit sur ce phénomène émergeant. Disponible aux Presses de Sciences Po, le livre offre plus de 300 pages d’analyses rigoureuses et d’études de cas de terrain, en France et à l’international.
Le « nouveau capitalisme agricole » ne se résume pas à quelques exploitations géantes. Il incarne une transformation structurelle plus large, qui redéfinit les rôles, les priorités et les modèles économiques dans l’agriculture. Comprendre ces mutations est essentiel pour bâtir une agriculture durable, équitable et innovante. Ce sujet majeur mérite d’être suivi de près par tous les acteurs du secteur agricole et agroalimentaire.
